Nous poursuivons notre série de portraits bonne humeur de Kidiklik ! Aujourd'hui, c'est au tour de François Goujon, responsable pédagogique de l’Atelier, Centre d'Éveil aux Arts Plastiques de Cornouaille, à Plogastel St-Germain. Après 20 ans de métier, l'artiste plasticien reste fasciné par l’incroyable richesse d’expression artistique des enfants. Père de 3 enfants, il nous partage sa passion pour l'art, les jardins et Charlie Chaplin.
♢ Explique-nous ton métier actuel et pourquoi tu l’aimes tant ?
J’exerce ce métier depuis plus de 20 ans et suis impliqué dans le projet de l’Atelier CEAPC depuis le début. En tant que responsable pédagogique de la structure, je suis chargé de monter les projets artistiques dédiés au public scolaire. En collaboration avec Ronan Hervé, également ntervenant plasticien permanent de l’Atelier, on accompagne les enseignants dans l'élaboration du projet et dans son déroulement, puis on l’adapte aux différentes tranches d’âge. Nous nous appuyons sur un réseau d'artistes locaux renommés habitués à travailler avec le jeune public.
C’est une fascination absolue ! J’aime l’art en général et je suis fasciné par l’incroyable richesse d’expression artistique des enfants ! Je ne me lasse pas de ce métier et des surprises qu’il nous réserve. L’échange avec les enfants est riche et nourrissant et renouvelé avec chaque nouvelle classe.
Nous proposons aussi des cours à l’année, le mercredi, en dehors du cadre scolaire. On a plus de temps pour apprendre à se connaître et voir chacun évoluer au sein du groupe. Les enfants s’impliquent ensemble pour monter l’exposition de fin d'année et il y a souvent une belle énergie de groupe.
♢ Un moment fort partagé avec des enfants dans le cadre de ton travail ?
Il y en a tellement ! Je me rappelle de mômes difficiles à gérer au début en atelier, qui sont finalement parvenus à se dévoiler après s'être sentis en confiance. On fait en sorte de les valoriser en leur donnant des outils, en leur confiant des petites missions… Il y a eu de beaux moments de créativité ! Parfois, quand on prend du recul, une fois le bouillonnement du stage retombé, on est surpris de trouver un des travaux des gamins fascinant. C’est ça l’art ! J’ai pu ressentir cette sensation à plusieurs reprises et ai retrouvé à chaque fois une émotion particulière.
♢ Enfant, quel était le métier de tes rêves ?
J’aimais bien l’histoire et je me voyais bien comme prof d’histoire. J’aimais bien m’occuper des enfants et des bébés aussi… Je griffonnais souvent et ai participé à un atelier de préparation aux écoles d’arts, tenu par une dame qui avait un parcours artistique classique avec une belle ouverture d’esprit. Cet atelier assez expérimental m’a permis d’essayer différentes choses avant les beaux-arts et m’a surtout permis de constituer un dossier pour intégrer l'école de Quimper.
♢ Comment occupais-tu ton temps libre ?
J’ai grandi à la campagne. À l’époque, on pouvait aller jouer dans les bois toute la journée, on était tellement libres ! Depuis, j’ai développé naturellement une passion pour le jardin et la nature en général.
Mon père nous faisait faire du jardin à outrance. On aurait pu être dégoûtés avec mon frère, mais aujourd’hui encore je passe beaucoup de temps dans mon jardin et cela me tient à cœur. C’est une sorte de pratique artistique. J’ai un grand terrain avec un potager et surtout beaucoup d’arbustes et des fleurs… Rien ne me plaît plus que de voir pousser au printemps tout ce que l'on a planté. Et puis, j’aime le côté bucolique du jardin.
♢ Quels sont tes jardins de prédilection dans la région ?
Le jardin du domaine de Trévarez est très sympa à visiter surtout durant le printemps pour y admirer sa collection de camélias suivie de celle des azalées… J’aime aussi beaucoup l'Univers du Poète ferrailleur, un super lieu où l’imaginaire et la végétation s’associent à merveille.
♢ Une anecdote rigolote te concernant durant ton enfance ?
Je suis parti un jour avec mes cousins et mon frère du côté de la campagne près de St-Malo. On avait planqué les vélos dans un fourré pour aller fumer en cachette plus loin. Quand on est revenus les récupérer, nos vélos avaient disparus... Ils avaient brûlés ! Un paysan avait mis le feu au talus sans les voir…
♢ Quelle est ta madeleine de Proust ?
Le jardin ! Je m’y investis à tel point que ma pratique artistique est en jachère…
J’aime bien travailler avec la terre, questionner la matière liée à la nature. D’ailleurs, nous proposons parfois des projets de Landart en atelier avec les enfants.
♢ Quelle rencontre ou personnalité t’a particulièrement inspiré ?
Je peux citer mon vieux copain Jean-Pierre Blaise, graveur et professeur d’arts plastiques qui a lancé ce projet de classe de découverte des arts plastiques. C'était à Pont-Aven, petite cité dûment repérée dans l'histoire de l'art, en 1988...Une belle idée sur laquelle surfe aujourd'hui encore l’Atelier CEAPC. Cet homme m'a fasciné dès notre première rencontre, et a forgé ma passion pour la transmission et la pédagogie.
♢ Ton film favori à partager en famille ?
Je citerais avec plaisir les films de Charlie Chaplins et en particulier les court-métrages que nous regardons inlassablement en famille. C’est drôle et le scénario est très bien ficelé... Tout est génial !
♢ Comment fonctionne l’Atelier CEAPC durant cette période particulière de crise sanitaire ?
En ce moment, les cours et stages sont maintenus. Nous accueillons 9 enfants durant les cours du mercredi et nous proposons des stages pour les vacances scolaires.
Pour Pâques, 4 stages sont programmés pour différentes tranches d'âges : les 6/8 ans, 9/12 ans, 12/14 ans et nous avons ouvert le stage aux 15-18 ans avec des programmes bien adaptés comme le cinéma d’animation. Les stagiaires pourront produire des œuvres dans l’atelier et les mettre ensuite en scène.
♢ Avez-vous prévu des nouveautés pour la reprise « normale » de l’activité de l’Atelier ?
La pandémie nous a amené à réfléchir à de nouvelles formes d’accueil. Suite au succès de l’an passé, on va accueillir des colos durant l’été et leur proposer des ateliers, en plus de la location des locaux.
Nous développons également deux nouveaux ateliers pour les cours du mercredi, en ouvrant aux plus grands, et peut-être un atelier famille.
♢ Une bonne raison d’inscrire les enfants aux cours, stages ou classes découvertes de l’Atelier ?
C’est toujours intéressant d’imaginer que son enfant va se retrouver dans une situation où il va créer. Nous, on est là pour déclencher leur créativité. C’est une bonne pratique intellectuelle et l’ambiance qui se met en place dans l’atelier permet de vivre des expériences uniques, au niveau social et au niveau de la pratique. On leur fait découvrir des outils et on leur fait confiance. On s’efforce aussi d’amener sous forme de document des bases de références culturelles pour illustrer les propos, sous forme de vidéos et d’images. On leur montre une reproduction d’artiste et on les fait s’exprimer afin d’acquérir un regard sur l’art existant. À la fin du stage, les enfants se sont enrichis des bases d’une culture.
Certains élèves ont d’ailleurs fait des études d’art et nous ont confié avoir gardé un souvenir très vif de leur expérience à l’Atelier et d’avoir conservé leur sculpture chez eux ! Quand on participe au vernissage d’une expo dans une école, on est souvent bluffés de constater l’ampleur du stage sur le groupe…
Merci François ! Ne ratez pas les autres épisodes de la série "Confinés mais pas déprimés ! "
Retrouvez ici plus d'infos sur les cours et stages de l'Atelier CEAPC à Plogastel St-Germain
Interview réalisée en mars 2021 par Laëtitia Scuiller Kidiklik 29
Crédit photos L'Atelier CEAPC
Crédit photo Charlie chaplin : Everett Collection / Everett Col